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LA SAINT-JEAN-BAPTISTE.
Le chaud soleil de juin brûlait l’asphalte, le citadin recherchait l’ombre des verts feuillages le long des avenues
et dans les squares. La ville étincelait
de partout : de ses clochers pointus et
de ses vitrines quotidiennement lavées.
Même la brique rouge et la pierre grise
des bâtisses semblaient receler des parcelles d’argent
et d’or, dans l’éblouissante lumière du jour. Les femmes
s’étaient vêtues de toilettes claires, de corsages
ajourés, et sous l’ombrelle de la gracieuse passante
un peu de la blancheur de l’épaule ronde et du satin
d’un beau bras potelé, s’offrait au regard réjoui du
passant.
C’est un spectacle charmant que l’été donne ainsi au chercheur d’émotions subtiles, au rêveur épris d’impossibles amours, suivant une belle inconnue. Qu’elle soit peuple ou princesse, qu’importe ! Il ne le saura jamais. Ce qu’il entrevoit de sa beauté l’émeut. C’est la femme idéale, parce qu’il ne la connaît pas ; sa voix est enchanteresse, parce qu’il en ignore le son ; son cœur plein de bonté, parce qu’il ne lui a jamais demandé de tendresse ; elle l’adore, cela va de soi, puisqu’il n’en sait rien. Il règle son pas sur le sien, la suit longtemps en s’imaginant toujours que tantôt elle se retournera, lui fera un geste d’appel, qu’il sera son Prince Charmant. Ils iront cacher leur bonheur dans une retraite inconnue où ils seront éternellement jeunes et heureux. Un tramway passe, un