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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/163

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le débutant

velle France passant à l’Angleterre après des années de guerres sanglantes. Il croyait fermement à cette légende absurde, inventée pour couvrir les faiblesses d’un roi avili, condamnant le peuple à la plus misérable servitude pour satisfaire les appétits insatiables d’une cour composée de vils courtisans de nobles prostitués. Il termina son sermon en exhortant les fidèles à s’inspirer, en ce grand jour de la Saint-Jean-Baptiste, de l’exemple de ces héros et de ces martyrs pour se raffermir dans la foi et le patriotisme.

La démonstration en plein air, débutant par un discours de circonstance, que devait prononcer Paul Mirot, avait été annoncée pour trois heures de l’après-midi. À l’heure convenue tous les citoyens de la paroisse, et même des paroisses environnantes, étaient, réunis devant le perron du magasin Carignan & Désourdis. Sur l’herbe, de l’autre côté de la rue, on avait transporté tous les bancs disponibles du village, même ceux de la sacristie. Ces bancs étaient réservés aux femmes et aux enfants. Le président de la fête, qui était le notaire du village, devenu un homme sérieux et considérable depuis l’époque où il s’amusait à taquiner les institutrices, lut d’abord une lettre d’excuse de l’honorable Vaillant, puis présenta l’enfant de la paroisse au public. Paul Mirot s’avançant pour prendre la parole aperçut, assise sur le premier banc, à côté de la tante Zoé, Simone qui le fixait de ses grands yeux. À partir de ce moment il ne vit plus qu’elle et c’est pour elle qu’il fut éloquent.

Quand il eut expliqué comment il se faisait que leur député l’avait chargé de la tâche difficile de le représenter à cette fête de la Saint-Jean-Baptiste, il entra dans le vif de son sujet. Ils avaient entendu, le matin, le ministre de Dieu parler du passé, lui, leur parlerait du présent. Les enseignements du passé ne

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