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le débutant

Écoliers et écolières s’en allèrent joyeux, riant, se culbutant, pressés d’aller raconter ce que leur camarade, le petit Mirot, avait fait. Des voisins charitables, aussitôt mis au courant de l’aventure, s’empressèrent de prévenir le tuteur du vaurien, et sa vertueuse épouse.

L’oncle Batèche jura, en apprenant la nouvelle, tandis que la tante Zoé, au comble de la désolation, ne savait que répéter : « Mon doux Jésus, miséricorde ! ». Le premier mouvement de colère passé, le brave homme réfléchit qu’il ne fallait pas, pour sa réputation et dans l’intérêt de sa bourse, abandonner l’orphelin, et il se mit à la recherche du petit. Il chercha dans l’écurie, la grange, le hangar, dans tous les coins où il soupçonnait qu’il aurait pu se cacher, puis, parcourut les champs et les bois du voisinage, appelant Paul en vain. La nuit venait quand il rentra à la maison et la tante Zoé se lamenta comme une femme en couches en apprenant, que le petit était introuvable.

Las d’errer au hasard, arrivé sur le bord d’un ravin profond, une coulée, comme on disait à Mamelmont, l’enfant fugitif s’était glissé sous un buisson formé de cerisiers enchevêtrés de vignes sauvages, et jugeant, la retraite sûre, il s’y était endormi profondément. Quand il s’éveilla, il faisait nuit. Torturé par la faim et frissonnant de frayeur, il n’eut plus qu’une pensée : retourner bien vite à la maison. Malgré l’ombre qui s’étendait sur les champs silencieux, il n’eut pas de difficulté à retrouver la route qui allait d’un bout à l’autre de la ferme, et après un quart d’heure d’une course à perdre haleine, il arrivait, tout essoufflé, au seuil de la demeure de son oncle. Il entendit parler dans la cuisine où l’on remuait de la vaisselle et s’arrêta pour écouter la conversation. L’oncle Batèche disait :

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