Page:Bethléem - Romans à lire et romans à proscrire, 7e éd.djvu/226

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d’imagination, et comme tels, ils peuvent, en stimulant ou en développant démesurément la puissance de la folle du logis, fausser le jugement, amollir le cœur, anesthésier la volonté, « impersonnaliser » la personne tout entière, la désorienter dans la vie, en un mot, occasionner dans le logis même, des désordres dont les moralistes et les prédicateurs ont amplement exposé le détail.

Mais ce sont des romans honnêtes : ils respectent le bon sens, la grammaire et surtout la vertu… Et s’ils n’échappent pas à tous les inconvénients des livres de ce genre, ils offrent, en tant qu’espèces et lus à propos, des avantages nombreux.

Ils constituent pour le moins un salutaire dérivatif. N’est-il pas vrai que dans la vie artificielle du XXe siècle, le goût et la lecture des romans sont devenus comme un élément hypothétiquement nécessaire ? N’est-il pas vrai aussi que leur propagation a pris les proportions d’un déluge, ou au moins d’un torrent ?

Le torrent passe à flots pressés : les meilleurs esprits en sont sinon envahis, du moins éclaboussés ou menacés. Ce serait folie de vouloir l’endiguer : mais n’est-ce pas, pour les pionniers des lettres, un devoir et un honneur de le détourner ou plutôt d’assainir ces eaux fougueuses et fangeuses, par des œuvres exquises, des livres d’amour honnête, des romans moraux ? Ne serait-ce pas un triomphe pour la cause catholique, et une gloire pour les écrivains consciencieux qui se sentent du talent, d’offrir des productions saines à tant de lecteurs qui puisent, faute de mieux, à des sources empoisonnées ?

Grâce à Dieu, des auteurs et des éditeurs l’ont compris. Aux jeunes gens formés, aux personnes chrétiennes qui désirent des romans, ils offrent des livres dont