Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/30

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Plaider pour un brin d’herbe, une paille, une cosse.
Voyez, surtout, voyez les enfans de l’Écosse ;
Comme ils s’entr’aident tous, du manant au marquis.
Voyez les Iroquois et les Abénaquis :
Nous osons les traiter de nations barbares ;
Mais voyons-nous chez eux des jaloux, des avares ?
De la simple nature ils suivent les sentiers ;
Ils sont farouches, fiers, indociles, altiers ;
Mais il faut voir entr’eux la conduite qu’ils tiennent ;
Comme ils sont tous d’accord, et toujours se soutiennent.
Ce qu’ils furent jadis, ils le sont aujourd’hui.
 Un autre tort, c’est d’être envieux pour autrui ;
Quand on a des parens, vouloir qu’on les préfère
À quiconque se meut dans une même sphère ;
Grincer presque des dents, et frémir de fureur,
Si quelqu’autre est cru, dit aussi bon procureur,
Aussi bon médecin ; si, dans l’art littéraire,
Il sait également instruire, amuser, plaire.
Ce travers-là provient de partialité,
Et se peut appeler familiarité,
Si par-là l’on entend, non propos de soudrille,
Mais amour exclusif des siens, de sa famille.
Toutefois, il faut être équitable et discret,
Et ne confondre point l’envie et le regret :
On peut, quand on est vieux, regretter la jeunesse ;
Quand on est pauvre, on peut désirer la richesse ;
On peut, quand on écrit d’un style trivial,
Sans crime, souhaiter d’écrire un peu minas mal.