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Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/33

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La Paresse, aujourd’hui, me joue un tour de Basque
Si donc je la dévoile, ou plutôt, la démasque ;
Si j’expose au grand jour ses procédés pervers,
Et si je la poursuis dans ses replis divers,
Qu’est-ce, sinon punir et venger une injure ?
Comme la vanité, l’avarice, l’usure,
La nommer par son nom, c’est assez la punir :
Commençons donc, d’abord, par la bien définir.
Je demande et réponds ; Qu’est-ce que la paresse ?
Une indigne langueur, une lâche mollesse,
Qui fait qu’on ne fait rien, quand on doit travailler,
Ou qu’on dort mollement, quand on devrait veiller ;
Quand on est bien-portant, fait qu’on se dit malade ;
Fait, enfin, que l’on fait comme faisait Vervade.
Le sommeil au corps las redonne la vigueur,
Dissipe la fatigue, et chasse la langueur,
Lorsque pour le besoin sobrement on en use ;
Mais c’est tout le contraire, alors qu’on en abuse.
Tel peut, pour sa santé, dormir toute la nuit ;
Mais qui dort en plein jour et s’abuse et se nuit,
Fait tort à son pays, fait tort à sa famille ;
Et Sommeur ferait mieux rester dans sa coquille,
Qu’à midi, se montrer, en se frottant les yeux,
Semblant ne savoir pas combien font deux fois deux :
Son voisin s’enrichit, tandis qu’il se repose :
De son peu de succès sa cagnardise est cause :
D’où vient, jusqu’à présent, voit-on languir Dormard ?
C’est que, journellement, il se lève trop tard.