Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/42

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« C’est monsieur Courailleur que vous désirez voir ?
« Il est sorti, monsieur ; probablement, ce soir,
« Vous lui pourrez parler ; » me dit la ménagère.
Je réponds : « J’attendrai ; je n’ai pas grande affaire. »
J’attendis, en effet, et croquai le marmot ;
Tout honteux de n’avoir pas pris mon homme au mot ;
Et soupçonnant, dès lors, ce que j’appris ensuite,
Que pour ne point payer, il avait pris la fuite.
Eh ! combien diraient d’eux ce que je dis de moi !
Passe encor, quand on n’est négligent que pour soi.
Négliger pour autrui, c’est se rendre coupable.
Qui pourrait, en effet, ne pas croire blâmable
L’homme qui, volontiers, s’est pris, chargé d’un soin,
Duquel, par négligence, il ne s’occupe point ?
Combien de médecins, procureurs, ou notaires,
Qui, pour négligemment avoir fait leurs affaires,
Pourraient être accusés des malheureux décès,
Des altercations, des ruineux procès,
Qu’avec étonnement, tous les jours, on contemple ?
Je pourrais en citer maint déplorable exemple ;
Mais je sens en moi-même une molle lenteur,
Qui me rend presque aussi paresseux que P… r ;
De la Paresse, enfin, les vengeances indignes.
Mais j’allais oublier deux paresseux insignes :
Par un mot déjà vieux, l’un s’appelle musard ;
Et l’autre est l’importun, l’ennuyeux babillard,
Qui, de ne faire rien recherchant le prétexte,
D’un auteur inconnu vous commente le texte ;