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Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/44

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SATIRE IV.

CONTRE L’IGNORANCE. — (1819)


 : Mon étoile, en naissant, ne m’a point fait poète ;
Et je crains que du ciel l’influence secrète[1]
Ne vienne point exprès d’un beau feu m’animer :
Mais comment résister à l’amour de rimer,
Quand cet amour provient d’une honorable cause,
Quand rimer et guérir sont une même chose ?
L’autre jour, arrivant au troisième feuillet
Contre l’Ambition, je reçois ce billet :
« Croyez-moi, cher ami, laissez-là la satire ;
« Renoncez pour toujours au métier de médire :
« Ainsi que vous, je vois des torts et des travers ;
« Mais jamais je n’en fis le sujet de mes vers,
« Et jamais je n’aurai cet étrange caprice,
« Je conviens qu’il est beau de combattre le vice ;
« Moi-même, je tiendrais la lutte à grand honneur,
« Si j’osais espérer de m’en tirer vainqueur.
« Mais, peut-on l’espérer ? Dans le siècle où nous sommes,
« Est-ce bien par des vers qu’on corrige les hommes !
« Non, se l’imaginer serait un grand travers ;
« L’homme méchant se rit de la prose et des vers :

  1. Hémistiche de Boileau.