Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81

Comme un Yankey, de son marin Perry :
Des deux côtés, c’est pure gasconade.

Eh ! qu’a donc fait, entre nous, ce guerrier,
Qu’on doive ainsi tant exalter sa gloire,
Ceindre son front d’un immortel laurier,
Au champ d’honneur lui donner la victoire ?

« Quoi ! » disent-ils, « près des quatre chemins,
« Avec trois cents Canadiens à sa suite,
« Il combattit six mille Américains,
« Les repoussa, leur fit prendre la fuite ;

« Sauva, par là, la province. » Vraiment,
Pour en parler, voila bien grande chose !
Léonidas[1] en fit jadis autant,
Ou bien l’histoire est pour nous lettre-close.

Que leur sert-il de prôner leurs exploits ?
Nous possédons un plan tracé dans l’ombre,
Pour les laisser moins puissants par les voix,
En attendant qu’ils le soient par le nombre.

Nous avons fait ennemis des Français,
Par une adroite et louable rubrique,
Et rendrons forts, dans le prochain congrès ;
Tous les Yankeys des bords de l’Amérique.

  1. Léonidas, roi de Sparte, ne repoussa pas l’ennemi, aux Thermopyles, comme fit notre compatriote, à Chateauguay ; mais il défendit ce passage avec trois cents hommes, contre l’armée de Xerxès, et ne périt avec eux, qu’après avoir fait mordre la poussière à plusieurs milliers de Perses.