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ce que la fable raconte des Amphion et des Orphée, — réflexion si naturelle, qu’elle s’est présentée à l’esprit de Charlevoix. Les premiers Sauvages qui se rassemblèrent à la voix des nouveaux législateurs furent les Guaranis, riverains ou habitant les bords du Paranapané et de l’Uruguay, qui composèrent une première société sous la direction des PP. Cataldino et Maceta, dont l’histoire doit conserver les noms parmi ceux des bienfaiteurs humains.

Chaque société ou tribu était dirigée par deux Pères, qui conduisaient, dit Châteaubriand, toutes les affaires spirituelles et temporelles des petites républiques. Mais les savans Fenning et Collier, dans le Systême de Géographie, publié à Londres en 1771, nous apprennent que les indigènes se nommaient un gouverneur, que les Pères approuvaient. Ceux-ci s’étaient perfectionnés dans le langage du pays, qu’ils conservèrent dans la nouvelle république. Aucun étranger ne pouvait y séjourner plus de trois jours ; et pour éviter toute intimité qui aurait pu corrompre les mœurs des peuplades, on n’apprenait pas aux Sauvages en général à parler l’Espagnol : seulement ceux qui fréquentaient les écoles supérieures l’apprenaient pour pouvoir le comprendre et l’écrire même au besoin. Il y avait des écoles nombreuses pour les premiers élémens des lettres et pour la danse et la musique. Ce dernier