Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/100

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nom, au comité, renfermaient des insinuations contraires à l’état réel des tenures actuelles, et faisaient l’énumération de servitudes humiliantes et antiques du gouvernement féodal tombées en désuétude, et même abrogées, quant aux propriétés, par la réformation de la coutume depuis introduite dans ce pays ; qu’aucun avantage réel ne semblait résulter de la tenure proposée ; qu’au contraire, ils considéraient que le franc et commun soccage dans cette province, non défini par le projet d’ordonnance, référerait vaguement aux lois des propriétés en Angleterre ; qu’il serait un obstacle certain à l’avancement de la culture, à cause des vastes étendues de terres déjà concédées et en partie défrichées, et qu’il intro-

    de janvier 1788. M. de Lanaudière disait, entre autres choses, à lord Dorchester : « Les seigneuries dont j’ai hérité de mes ancêtres, qui leur furent accordées en récompense de leurs services, me sont parvenues après avoir été possédées par la quatrième génération. Quand je regarde l’étendue immense des terres qu’elles contiennent, qui se monte à près de trente-cinq lieues en superficie, dont je suis possesseur, la petite portion qui est en valeur, le peu d’habitans qui y sont établis, j’aurais les plus grands reproches à me faire, si je n’en avais pas recherché les causes, et après les avoir trouvées, si je gardais le silence… Cette province est, à bien considérer, encore dans son enfance ; elle ne peut espérer sa grandeur future que de l’encouragement de la Grande-Bretagne, d’où doit s’étendre sa population, ainsi que de l’émigration de l’Europe et de nos voisins. Mais pourrons-nous, nous seigneurs, possesseurs de fiefs immenses, croire que ces mêmes hommes, qui auront quitté leur patrie pour prendre des terres dans cette province, voudront donner la préférence à nos seigneuries pour s’y établir, étant régies par un systême de lois qu’ils ont en horreur, qu’ils ne pourraient entendre, et dont l’ambiguité des charges est un vassalage onéreux… J’ose espérer que votre Seigneurie voudra bien prendre en sa sage considération la dure situation dons laquelle les intérêts de ma famille se trouvent ; et que pour m’en relever votre Excellence voudra bien reprendre les titres de mes seigneuries, avec tous les priviléges et honneurs qui y sont attachés, et me les reconcéder en commun soccage , pour que par ce changement, je puisse trouver des moyens à donner de l’encouragement à prendre et concéder mes terres… Si le gouvernement m’obligeait à remplir toutes les conditions, suivant leur teneur, le peu de revenu que j’ai pour supporter ma famille à peine suffirait pour payer les charges qui y sont attachées. »