Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/127

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ou se concertaient avec des émissaires français, qu’on disait être nombreux dans la province, ou sur les frontières. Il en était venu un, soit de la part du citoyen Adet, ministre français aux États-Unis, comme il le disait, soit plutôt de son propre mouvement, dans le dessein aussi insensé que coupable de soulever le peuple contre le gouvernement, ou de soustraire les Canadiens à la domination de l’Angleterre. Il s’était imaginé que le pays était rempli de mécontens prêts à se révolter, et il ne trouva, parmi les Canadiens, qu’un seul individu à demi disposé à entrer dans ses vues. Dénoncé par des compatriotes, ou par des Anglais qu’on lui avait donnés comme dignes de sa confiance, David MacLane, marchand américain en déconfiture, et soi-disant colonel dans le service français, fut jugé à la rigueur, comme coupable de haute trahison, nonobstant sa qualité d’étranger. L’acte d’accusation, le choix des jurés, les témoignages, la conviction, le jugement, le châtiment, tout fut extraordinaire. McLane était accusé principalement, d’avoir premièrement, conspiré la mort du roi ; secondement, d’être passé dans le parti des ennemis du roi ; et au moyen de répétitions multipliées, de phrases à peu-près identiques, on avait trouvé sur chacun de ces chefs d’accusation quatorze « actes ouverts », ou non moins de vingt-huit en tout. Tous les jurés sans exception furent des Anglais ; et parmi les témoins à charge, quelques uns avaient été à peu près des complices, ou des approbateurs des desseins de l’accusé. Ces témoins prouvèrent contre lui, non pas peut-être réellement des actes ouverts, ou patents, mais des intentions, des projets insensés, dont aucun n’avait eu même un commencement d’exécution ; et au lieu d’être renfermé dans un hospice d’aliénés, le prétendu colonel français fut déclaré coupable des faits portés à sa charge,