Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/128

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et condamné à un supplice digne de la barbarie du moyen âge[1]. Et comme pour ajouter encore à l’extraordinaire, les témoins qui avaient servi à le faire condamner furent jugés dignes de récompense, et gratifiés d’un nombre considérable de milliers d’arpens de terres de la couronne[2].

Le mécontentement causé par l’acte des chemins s’appaisa peu à peu ; mais il surgit, ou plutôt il existait un autre sujet de mécontentement en matière importante. Une partie des membres du conseil exécutif, sous le nom et en qualité de bureau des terres, se rendaient, disait-on, coupables de prévarications qui auraient mérité d’être punies exemplairement. Il est vrai que le mal que les membres de ce bureau étaient accusés de commettre alors dans leur intérêt particulier, pouvait empêcher un mal plus grand encore ; depuis longtems, les marchands et commerçans natifs de la Grande-Bretagne, et particulièrement ceux du nord de ce royaume, avaient pour but d’empêcher que la population canadienne ne pût s’étendre, même dans les parties non concédées des sei-

  1. La condamnation eut lieu le 7 juillet 1797, et l’exécution, le 21 du même mois. « Le corps resta pendu vingt-cinq minutes, et alors la corde fut coupée. Une plate-forme, sur laquelle était placé un billot, fut apportée près de la potence, et il fut allumé un feu pour exécuter le reste de la sentence. La tête fut tranchée, et l’exécuteur la tenant élevée, à la vue du public, cria : « La tête d’un traître. » Il fut fait une incision au-dessous de la poitrine, et une partie des entrailles furent tirées et brûlées. Les quatre quartiers furent marqués avec un couteau, mais ne furent point séparés du tronc. » — Procès de David MacLane.
  2. « Une espèce d’insensé, un banqueroutier américain, qui n’avait avec la population de la province d’autres liaisons que celle d’avoir engagé un Canadien à un écu par jour, tomba dans les pièges de quelques unes de ses connaissances résidant dans la province ; subit un procès et fut pendu pour crime de haute trahison, et chacun de ceux dont les témoignages servirent à le faire condamner eut en récompense un octroi de trente à cinquante mille acres de terres de la couronne tandis que le pauvre homme à l’écu par jour fut tenu en prison, pour non-révélation de trahison, jusqu’à la paix d’Amiens. » — Gazette de Québec.