Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/209

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factieux aient réussi à entraîner dans ses coupables projets, tant d’honnêtes gens et de loyaux sujets de sa Majesté. »

L’individu dont parlait la chambre d’assemblée était Robert Gourlay, homme intègre, mais esprit ardent, impatient, exagéré, peut-être un peu fanatique[1]. Arrivé depuis peu d’Angleterre dans le Haut-Canada, il y avait vu, ou cru voir, des abus criants dans les différents départemens de l’administration ; et il n’avait pas craint de les dénoncer publiquement, énergiquement, et quelquefois injurieusement ; et, dans son brûlant patriotisme, selon les uns ; dans sa furieuse démagogie, suivant les autres, il n’avait pas plus épargné la chambre d’assemblée que les officiers du gouvernement ; inde iræ.

Dans l’intervalle, il avait ouvert les yeux à beaucoup de gens, s’était fait un grand nombre de partisans, avait créé dans le Haut-Canada une puissante opposition.

La partie de la harangue du lieutenant-gouverneur, et celle de la réponse de l’assemblée qui dénonçaient les procédés des mécontens, furent réprouvées dans des réunions de villes, de townships, et de comtés. Malheureusement, ils avaient passé les bornes de la légalité ; ils avaient parlé de se réunir, et s’étaient, en effet, réunis en ce qu’ils appellaient une Convention de délégués ; ce qui donna occasion à la chambre d’assemblée de résoudre, « Que les membres de cette chambre étaient les seuls représentans constitutionnels du peuple » ; et au lieutenant-gouverneur le prétexte de recourir au statut provincial de la session de 1804, en vertu duquel

  1. «  L’impartialité nous oblige à reconnaître que, dans quelques parties subordonnées de la conduite de M. Gourlay, son imagination et ses sentimens l’ont porté au-delà des bornes d’une raison prudente et réfléchie. » — Canadian Courant, traduction de l’Aurore.