Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/210

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il put faire arrêter M. Gourlay et le bannir de la province, comme une personne « soupçonnée de pratiques séditieuses ». L’imprimeur qui avait accueilli la dernière de ses diatribes, qui, comme c’est l’ordinaire, surpassait en violence toutes ses dévancières, fut arrêté, convaincu d’avoir publié « un libelle faux et séditieux », et condamné à un châtiment sévère, qui pourtant ne fut pas pleinement exécuté.

Pendant que ces choses se passaient dans le Haut-Canada, les « Pays d’en Haut » étaient troublés d’une manière plus sérieuse, par la rivalité des compagnies de la Baie d’Hudson et du Nord-Ouest. Cette rivalité était devenue plus marquée, et avait pris un caractère plus hostile, depuis des tentatives de colonisation faites sous les auspices du comte de Selkirk, à qui la compagnie de la Baie d’Hudson avait concédé une grande étendue de terres, particulièrement sur les frontières des territoires réclamés par les États-Unis. Il y eut, dans ces vastes solitudes, au grand ébahissement de leurs habitans naturels, des voies de fait sans nombre, des enlèvemens violents d’effets divers, des incendies, des combats sanglants, des homicides isolés. La colonie de lord Selkirk, sur la Rivière Rouge, avait été assaillie et presque anéantie, et sa seigneurie avait pu, au moyen d’un nombre d’officiers et de soldats licenciés des régimens de Watteville et de Meuron[1], s’emparer, à main armée, du

  1. « Ces deux régimens de Meuron et Watteville ont été licenciés à la paix de 1815. Beaucoup de soldats sont restés dans les Canadas, y exercent des professions, sont pères de familles. » — M. Lebrun.

    De même, à la paix de 1783, beaucoup de soldats des régimens allemands employés par la Grande-Bretagne, restèrent dans ce pays, s’y marièrent et y devinrent pères de familles. Un assez bon nombre de leurs compatriotes les sont venus joindre ensuite ; et ce ne sont ni les moins paisibles, ni les moins industrieux des habitans du Canada, comme épiciers, taverniers, charcutiers, &c. Ils parlent entre eux la langue de leur pays natal.