Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/23

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les émigrés anglais, et peut-être avec raison, de se montrer trop indulgent sur la conduite des gens de guerre.

Quoiqu’il en soit, la première démarche qu’il fit, pour arriver en Angleterre prêt à donner les renseignemens qu’on pourrait lui demander sur l’état de la province, fut d’en faire faire le dénombrement. D’après la lettre qu’il écrivit aux lords commissaires du commerce et des plantations, il se trouva que la province de Québec contenait cent-dix paroisses, sans y comprendre les villes de Québec et de Mont-réal. Ces paroisses contenaient 9,722 maisons habitées et 54,575 habitans, occupant 955,754 arpens de terre en culture. Ces cultivateurs possédaient, cette même année, 12,546 bœufs, 22,724 vaches, 15,039 jeunes bêtes à cornes, 27,064 moutons, 28,976 cochons, et 12,757 chevaux. Les villes de Québec et de Mont-réal contenaient environ 14,700 habitans. Le nombre des Sauvages professant la religion catholique, et demeurant dans les limites de la province, était de 7,400 ; de sorte que la population entière de la province, en n’y comprenant pas les troupes réglées, aurait été de 76,275 individus. Il n’y avait que dix-neuf familles protestantes dans les paroisses de la campagne, et le nombre des habitans anglais ne se montait pas, en totalité, à plus de cinq cents.

Il est à croire que ce dénombrement fut très défectueux, surtout quant à la population des paroisses de la campagne, et qu’il ne s’étendit qu’à ce que nous appellons présentement le Bas-Canada ; car, d’après M.  Heriot[1], le nombre des habitans blancs, ou européens du Canada, en 1758, était de 91,000, sans y comprendre les troupes réglées (bien qu’on eût pu y comprendre celles de la

  1. The History of Canada, from its first discovery, &c.