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sous cautionnement fut rejetée ; sur quoi, leurs confrères, en corps, adressèrent au gouverneur un mémoire où ils le priaient d’user de son autorité pour adoucir en faveur des prisonniers la rigueur de la loi, s’offrant d’être caution pour leur apparition en cour, et pour la sûreté de Walker et de sa famille, s’ils étaient élargis.

M. Murray leur répondit, que le juge en chef ayant refusé d’élargir les prévenus sous cautionnement, il ne pouvait prendre sur lui d’intervenir dans l’affaire. Il ajouta qu’il croyait devoir dire aux mémorialistes, qu’il ne pouvait que les blâmer d’avoir ainsi tenté en nombre d’interrompre le cours de la justice, et de s’être rendus en corps auprès de lui, dans l’espoir de le faire dévier de la route de son devoir.

Ce que la justice ne permettait pas de faire, la force ouverte l’effectua, au moins en partie : il y eut une espèce d’émeute ; plusieurs des prévenus furent tirés de prison par leurs amis ; les uns et les autres, du moins ceux qu’on put appréhender, furent jugés par une cour d’oyer et terminer, que le gouverneur fit tenir aux Trois-Rivières ; mais, soit que ce ne fussent pas les vrais coupables, soit que les preuves eussent manqué contre eux, soit enfin que les jurés eussent prévariqué, ils furent tous acquittés.

Dès le commencement de 1765, le général Murray reçut ordre de se préparer à retourner en Angleterre, pour y donner un exposé « clair et complet de l’état de la province, » de la nature et de l’étendue des désordres qui y avaient eu lieu, et de ses propres procédés dans l’administration du gouvernement. « La protection décidée dont ce digne militaire honorait ouvertement les Canadiens, dit M. Du Calvet, lui valut la perte de son gouvernement[1]. » Il paraît qu’il était aussi accusé, par

  1. M. Du Calvet exagère dans la louange comme dans le blâme.