Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/319

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fait, des infractions flagrantes de la paix publique, mais encore des scènes ridicules et comiques, même dans les lieux et dans les occasions, la décence publique et la gravité devraient seules régner. Au temps dont nous parlons, la presse radicale, ou soi-disant réformatrice, était devenue incivile, vexatoire, injurieuse ; en un mot, avait pris une teinte fort ressemblante à celle du sansculottisme, résultat de l’amalgame du nivelisme européen avec le républicanisme américain de la plus basse école. Vexés, harassés, exaspérés par les « libelles », les calomnies noires, ou les grosses médisances sans cesse renouvellées, ou plutôt incessantes, de W. L. McKenzie, imprimeur, éditeur et rédacteur du Colonial Advocate, une quinzaine de jeunes officiers, ou employés du gouvernement, avaient écouté une inspiration du dépit et de la colère, qui leur disait que la vengeance serait plus sûre et plus prompte, s’ils la prenaient de leurs mains que s’ils la demandaient aux cours de justice ; et au commencement de juin 1826, ils étaient entrés forcément dans la maison de M. McKenzie, avaient brisé ses presses et jetté ses caractères d’imprimerie dans la baie de Toronto. Ils avaient été plus loin, dans leur fougueuse indignation, que n’avait fait notre chevalier Craig ; mais ne pouvant comme lui émaner une foudroyante proclamation, pour démontrer la nécessité, ou la convenance de leur exploit, ils avaient été conduits devant un tribunal civil, et condamnés « aux dépens, dommages et intérêts ». Ils se consolèrent peut-être en croyant avoir au moins réduit au silence une pie-grièche, une harpie : le silence de W. L. M’Kenzie ne fut pas long ; et puis il avait dans son confrère, F. Collins, non pas un rival envieux et jaloux, comme c’est assez souvent le cas, mais un ami sincère et désintéressé, ou intéressé à n’avoir pas pour ennemi W. L. M’Kenzie, et capable de le remplacer, au