Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/391

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présenta au lieutenant-gouverneur une adresse en faveur du sieur Collins, et s’attira, de la part de son Excellence, la réponse suivante :

« Je n’ai rien tant à cœur que de rendre service à la province, en concourant avec la législature à tout ce qui peut assurer la paix et avancer la prospérité publique ; et je regrette beaucoup que l’assemblée m’ait fait une demande à laquelle l’obligation qui m’est imposée de maintenir les lois, et mon devoir envers la société, à ce que je crois, ne me permettent pas d’acquiescer. »

La chambre d’assemblée ne crut pas devoir laisser cette réponse sans réplique, et résolut : « Qu’elle devait à son honneur et à sa dignité de déclarer, que par son adresse pour obtenir que la clémence royale fût octroyée à Francis Collins, elle n’avait pas mérité l’imputation qu’elle craignait de voir contenue dans le message de son Excellence, savoir que sa requête n’était pas d’accord avec l’appui dû aux lois, et son devoir envers la société. »

À une adresse non moins inconvenante de l’assemblée, concernant M. Willis, le lieutenant-gouverneur répondit, « qu’il aurait beaucoup de plaisir à mettre devant la chambre les documens demandés, concernant la suspension de M. le juge Willis, mais que, réflexion faite, il ne se croyait pas autorisé à rendre publique une affaire encore pendante sous une forme judiciaire, devant le gouvernement de sa Majesté[1] ».

  1. À la prière que les mandataires du peuple firent à Sir John Colborne, de vouloir bien leur communiquer le « Rapport du Comité du Canada », le preux chevalier répondit familièrement : « Messieurs : Je n’ai qu’un exemplaire du Rapport : quand je l’aurai lu, je me ferai un plaisir de vous le communiquer. » On peut imaginer combien ce « quand je l’aurai lu » dut choquer les radicaux, et les libéraux aussi, peut-être ; les uns et les autres croyant, sans doute, avoir le droit de lire, avant le lieutenant-gouverneur, le « monument impérissable », comme M. Lagueux