Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/53

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céssité absolue de se préparer à la guerre. Quelques uns se montrèrent disposés à leur obéir ; mais le plus grand nombre déclarèrent qu’ils ne se croyaient pas obligés d’être de l’opinion de leurs seigneurs, et qu’ils ne porteraient pas les armes contre les provinciaux. « Nous ne connaissons, leur fait-on dire, ni la cause, ni le résultat du présent différent : nous nous montrerons loyaux et fidèles sujets, par une conduite paisible, et par notre soumission au gouvernement sous lequel nous nous trouvons ; mais il est incompatible avec notre état et notre condition de prendre parti dans la présente contestation. »

Les Canadiens étaient d’autant plus fondés à croire qu’on n’avait pas le droit de les forcer à prendre les armes contre les Américains, et qu’il leur était loisible de demeurer neutres, que naguère, les Anglais, faisant la guerre à leur métropole, et envahissant leur pays, sous Wolfe et Murray, avaient exigé d’eux, ou de leurs pères, une stricte neutralité, à peine d’un châtiment exemplaire, ou, comme ils s’exprimaient, d’une « exécution militaire immédiate ».

Informé que la Grande-Bretagne, loin de revenir sur ses pas, en révoquant ses décrets, était déterminée à employer la force des armes pour réduire ses colonies à l’obéissance, le congrès résolut, de son côté, de recourir à la même force, pour obtenir ce qu’elles demandaient. Il crut que le meilleur moyen d’engager le Canada à faire cause commune avec les autres colonies, était de s’emparer des places fortes qu’y occupaient les Anglais, et par lesquelles il supposait que les Canadiens étaient tenus en échec. Au commencement de mai 1775, les colonels Allen et Arnold, à la tête d’environ trois cents hommes, traversèrent le lac Champlain, et débarquèrent de nuit, tout près de Ticonderoga. Le lende-