Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

main (10 mai), ce fort, dont la garnison n’était que de cinquante hommes, se rendit sans coup-férir. Les Américains y trouvèrent plus de cent canons et une grande quantité de munitions de guerre. Le fort de Crown-Point se rendit, quelques jours après, et celui de Saint-Jean, où il n’y avait qu’un sergent et quelques soldats, au commencement de juin. Ce dernier fort fut repris, le surlendemain, par un parti d’environ quatre-vingts volontaires canadiens, sous le commandement de M. Picoté de Belestre.

Le général Carleton, informé de ces opérations offensives, résolut de mettre tout en œuvre pour recouvrer les postes qui venaient de lui être enlevés, et qui ouvraient aux provinciaux la porte du Canada. Comme les troupes réglées qu’il y avait dans le pays ne consistaient qu’en deux régimens, le 7ème et le 26ème, et qu’elles étaient trop dispersées pour pouvoir agir avec efficacité, il crut que le meilleur parti à prendre était de faire, s’il était possible, dans la province, autant de soldats qu’il y avait d’hommes en état de porter les armes. Dans cette vue, il publia, le 9 juin, une proclamation, dans laquelle il disait, « qu’attendu qu’il existait une rébellion dans plusieurs des colonies de sa Majesté, et qu’un parti de gens armés avaient fait une incursion dans cette province, lesquels continuaient à conserver l’attitude et à tenir le langage d’envahisseurs, il avait jugé à propos de proclamer la loi martiale, et d’incorporer la milice de la province, pour repousser les attaques du dehors, rétablir la paix et la tranquillité publique au-dedans, prévenir la trahison, et punir ceux qui s’en rendraient coupables. »

Loin de produire l’effet désiré, cette proclamation en amena un tout contraire ; elle mit le mécontentement là où les plus zélés n’avaient vu auparavant que de l’indif-