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férence. On ne put se persuader que le gouvernement du roi d’Angleterre pût ressembler à celui du chef militaire d’un état despotique, et que tous ses sujets fussent nés soldats, et pussent être légalement assujétis au même service que les troupes réglées. Les enrôlemens volontaires étaient, dans l’opinion générale, le seul moyen auquel le gouverneur pût recourir légitimement, pour repousser l’envahissement, s’il avait lieu.

Ne pouvant réussir par la force, Carleton crut devoir recourir à la persuasion ; et pour mieux réussir par ce moyen, il s’adressa à l’évêque de Québec. M. Briand adressa aux curés de son diocèse un mandement, qu’ils avaient ordre de lire, dans leurs églises, à leurs paroissiens qu’il exhortait à prendre les armes pour la défense de leur pays[1].

Le mandement n’eut pas beaucoup plus d’effet que la proclamation : la plupart des habitans ne purent perdre l’idée qu’ils s’étaient formée, que si on leur faisait prendre les armes pour la défense de leur pays, on pourrait bien les leur faire porter hors de ses limites, et pour un espace de temps dont ils ne prévoyaient pas le terme. Ils l’avaient fait, sous la domination française, mais par petites troupes, et pour de courts espaces de temps.

Le 6 juillet 1775, fut publiée, à Philadelphie, la « Déclaration des Représentans des Colonies Unies de l’Amérique Septentrionale ». Aux allégations de cette déclaration la Grande-Bretagne put répondre avec vérité au moins ce qui suit : « En accordant, contre toute vérité, que les colons étaient parvenus à défricher, à fertiliser leurs terres, sans peser en rien sur la métro-

  1. M. Roux de Rochelle est dans l’erreur, quand il dit que « l’évêque de Québec, que le gouverneur avait essayé de faire entrer dans ses vues, refusa d’y coopérer, et ne voulut point faire servir à propager les maux de la guerre, un ministère de religion et de paix ».