Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/66

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témérairement), avec sa division, par un sentier rendu extrêmement difficile par les glaçons que la marée y avait accumulés, et par l’épaisseur de la neige, qui tombait en abondance, ayant d’un côté, une espèce de précipice, et de l’autre, un rocher comme suspendu au-dessus de sa tête. Il se rendit maître d’une première barrière, et s’avança à l’attaque d’une seconde, défendue par une soixantaine d’hommes, avec plusieurs petits canons chargés à mitrailles. On laissa approcher les assaillans à vingt-cinq verges de distance, et l’on tira alors sur eux avec tant d’effet, qu’ils furent forcés de retraiter précipitamment, après avoir perdu un nombre d’hommes, et parmi eux leur général et ses deux aides-de-camp.

Arnold faisait en même temps son attaque, du côté du Sault-au-Matelot. Il surprit et fit prisonnière la garde postée à la première barrière ; mais il reçut à la jambe une blessure grave, et dut être porté loin de la mêlée. Cet incident n’empêcha pas les assaillans de s’avancer hardiment, sous les ordres du capitaine Morgan, à l’attaque de la seconde barrière, et ils l’auraient probablement emportée d’assaut, si ceux qui la défendaient n’eussent reçu à temps un renfort de miliciens, commandés par le colonel Caldwell et le major Nairne. Il s’en suivit un combat où l’avantage fut quelque temps balancé ; mais lorsqu’ayant épuisé leurs munitions, les assaillans voulurent se replier, leur position se trouva tournée, et ils furent forcés de se rendre.

Hors d’état de se maintenir devant la place, les Américains allèrent prendre une nouvelle position, à une lieue de distance. Carleton fit incendier le palais de l’intendant, et toutes les maisons du voisinage, afin que l’ennemi ne s’y pût pas loger. La vigilance, l’activité, l’habileté que ce général avait déployées pour la défense