Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/74

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idées qu’on avait en Angleterre de la France, dit M. Du Calvet, que l’on se figurait comme un royaume où la volonté du monarque était l’unique loi de l’état, et au nom des lois françaises réinstatées dans la colonie, on s’était cru autorisé à y ériger un despotisme armé de tous les pouvoirs qui étaient propres à le rendre formidable et tyrannique, et à l’inviter à l’être. » En effet, loin de restreindre le gouverneur dans de justes bornes, du moins quant aux services exigibles des miliciens, le conseil législatif semblait avoir eu à cœur de le mettre parfaitement à son aise, et de lui ôter la possibilité de toute crainte d’aller trop loin. À quelques exceptions près, tous les Canadiens de l’âge requis, étaient assujétis à des services militaires rigoureux, loin de leurs foyers, et pour un temps presque illimité ; et ceux qui n’étaient pas employés activement étaient tenus de faire gratis les travaux agricoles de leurs voisins absents. Les peines infligées pour contravention à l’ordonnance, quoique restreintes, pouvaient être regardées comme tyranniques.

En 1778, fut passé, dans le parlement britannique, l’acte déclaratoire vulgairement appellé l’acte de la 18ème année de Georges III. Cet acte fut passé dans la vue de ramener les colonies révoltées, et de rassurer celles qui étaient demeurées fidèles. Il y était déclaré que la Grande-Bretagne renonçait au droit de taxer les colonies à l’avenir, et qu’elle n’y établirait d’autres impôts que ceux qui seraient jugés nécessaires pour le réglement du commerce et de la navigation, laissant aux législatures provinciales la disposition des revenus qui en pourraient provenir.

Cette déclaration venait trop tard pour induire les colonies insurgées à se remettre volontairement sous le joug de l’Angleterre ; et le droit que se réservait le parlement britannique d’établir des impôts pour le régle-