« partisan » politique, par un homme né hors du pays, et n’y ayant ni propriétés ni biens de famille, firent la faute de ne lui pas opposer un homme assez connu des deux populations, et assez populaire chez l’une et l’autre, pour emporter l’élection d’emblée, ou pour être assuré d’une grande majorité de votes. Il est vrai qu’on supposa d’abord, que M. Tracey n’ôserait pas se présenter : il l’ôsa, et eut pour antagoniste M. Stanley Bagg, qui paraissait pour la première fois sur le théâtre politique, et était mal vu de ceux des Irlandais et des Américains qui ne voyaient de véritable mérite que dans des idées exagérées de liberté, et dans une systématique et violente opposition au gouvernement[1].
Les deux candidats étant vus de mauvais œil, celui-ci par une partie de la population, et celui-là par l’autre, on dut s’attendre que la lutte serait, non-seulement opiniâtre, mais violente ; d’autant plus qu’on avait donné à entendre aux émigrés Irlandais, qu’il
- ↑ « Tracey, sans doute, était un homme violent, autant que doué
de grands talens ; mais sans l’opposition d’un homme tel que Bagg,
citoyen des États-Unis, affilié à tout ce qui était opposé aux intérêts
de la majorité du peuple, je ne crois pas que les adversaires
les plus prononcés de la bureaucratie eussent pensés à l’envoyer
au parlement. » — Amury Girod, Notes diverses sur le Bas-Canada.
« M. J. F*** dit qu’il ne considérait pas le Dr . Tracey comme l’homme qu’il fallait, que son objection n’était pas fondée sur ce qu’il était Irlandais ; mais parce qu’il était un étranger, qu’on ne connaissait que par le journal dont il passait pour être le rédacteur ; que si on le pouvait juger d’après ses publications, c’était un homme trop violent, un homme dangereux ; qu’au lieu d’être indépendant, il était l’instrument d’une faction. »
« M. J. F***, dit qu’il voudrait user de tous ses efforts pour voir un membre convenable représenter le quartier-ouest ; que le Dr . Tracy n’était pas cette personne ; que c’était un boutefeu ; qu’il ferait tort au pays, et qu’on se repentirait de l’avoir nommé, &c. »
« M. J. D***, dit qu’il connaissait les principes politiques de M. Bagg, et qu’il pouvait assurer qu’il ne l’avait jamais vu qu’opposé a la masse des Canadiens… qu’il n’avait jamais rien fait pour mériter la confiance publique, qu’il n’était qu’un spéculateur avide ; qui ne pouvait avoir les intérêts publics en vue, en briguant la charge honorable de représentant du peuple. »