Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/209

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La présenter à la chambre, c’était lui demander de sanctionner tout ce qui était sorti de la bouche de son orateur, depuis le commencement de la session de 1831. Les plus aveugles partisans ou admirateurs de M. Papineau ne pouvaient s’être attendu que ces propositions deviendraient résolutions de la chambre, avant d’avoir subi de nombreuses et importantes modifications ; peu d’hommes pouvaient croire qu’il fût décent, ou prudent, de dénaturer les faits, d’invectiver, d’insulter et de menacer d’une manière si folle et si furieuse ; tous devaient voir dans cet incongru verbiage, les efforts pénibles faits pour trouver les termes les plus injurieux, et leur donner la tournure la plus offensante : les passions concentrées de l’orgueil, de l’amour-propre blessé, de la haine invétérée et de l’aveugle esprit de vengeance, ne trouvant pas assez d’espace pour se déborder, d’issues assez larges pour s’exhaler ; l’effervescence cérébrale, enfin, le délire politique parvenir à son plus haut paroxysme. On verra ce qui en advint, contre toute attente raisonnable quand on aura vu quelque chose des débats qui eurent lieu avant l’adoptation finale.

Il faut d’abord remarquer que M. Bedard, qui s’est chargé d’introduire ces propositions dans la chambre, et qui avait bien voulu « en prendre sur lui la responsabilité », ne les présenta que par parties détachées, et de plus, qu’il put à peine dire quelque chose à leur soutien, n’ayant parlé un peu longuement qu’en une seule occasion ; que MM. de Bleury, Vanfelson et Lafontaine firent d’assez longs discours pour les faire trouver bonnes et convenables ; que M. Bourdages les appuya, comme il appuyait, soit par pure complaisance, soit par une identité singulière de sentimens et de vues, tout ce qui plaisait à M. l’orateur, et qu’il