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DU CANADA.

Pendant que lord Gosford cherchait, par ses paroles et ses actions extra-constitutionnelles, à se rendre favorable à la majorité de l’assemblée, il mécontentait sérieusement ceux qui étaient opposés aux vues de cette majorité. Les constitutionnels eurent à Québec et à Montréal, au commencement de décembre, des assemblées où ils exprimèrent violemment le mécontentement que leur causait la tournure donnée aux affaires par le nouveau gouverneur général. L’homme que les propositions révolutionnaires de M. Bourdages, les diatribes inflammatoires de M. Papineau, les 92 résolutions même, n’avaient pu faire sortir de son sang-froid, ou n’avaient que faiblement ému, M. John Neilson, ne se rappelant plus le 28 mars 1831, est mis comme hors de lui-même, à la vue de ce qui se passe, et semble, dans son dépit, justifier le meurtre de Charles I, la rébellion d’Écosse, l’insurrection des colonies de l’Amérique, l’agitation de O’Connell, avec tous ses accompagnemens.

À Montréal, le mécontentement se manifesta, non seulement par des discours et des articles de gazettes entachés de violence et d’injures contre le gouverneur, mais encore par des actes d’une nature plus grave, entre autres, par la formation d’un « corps de carabinier bretons,[1] dans le but d’aider, autant qu’il dépendrait d’eux, à maintenir l’union qui existait entre la Grande-Bretagne et le Bas-Canada, » etc. Aux pétitions envoyées au gouverneur, pour le prier de sanctionner ce projet, lord Gosford fit répondre pertinemment ; « Qu’il ne regardait pas comme étant en danger l’union et les droits dont les pétitionnaires parlaient, et que, s’ils l’étaient, leur préservation serait mieux

  1. Nos gazettes se sont servi de ce terme, comme traduction des mots anglais Briton et British.