Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/502

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l’esprit d’innovation et de révolution, cause de l’agitation, était sorti du sein de l’assemblée même, pour se ruer désespérément contre toutes les autorités établies ; si bien que, dans presque toutes les assemblées agitatrices, on vit des membres de la majorité de cette chambre agir très activement, et faire des discours très violents et très inflammatoires ; et loin de souffrir tacitement qu’on les en blâmât, le comité central et permanent avait résolu dès le 31 août.

« Que c’est le devoir des représentans du peuple d’assister aux assemblées de leurs constituans, toutes les fois qu’ils en sont priés, afin de se mettre au fait des opinions de leurs mandans, sur toutes les matières liées avec l’intérêt public, pour être prêts en temps et lieu, à défendre les droits du peuple avec connaissance de cause.

« Que tout acte de la part de l’exécutif pour empêcher les représentans du peuple d’assister à de telles assemblées, ou pour en aucune manière les punir ensuite, pour avoir été présents à ces assemblées, est une infraction des droits du peuple du Canada et une tentative inconstitutionnelle d’anéantir toute indépendance chez nos représentans. »

Nous croyons avoir assez considéré l’état du pays, pour résoudre, ou conclure avec un publiciste français, que « du moment que la démocratie (ou la manie démocratique) cesse d’être contenue, elle déborde et renverse tout, » (ou s’efforce de tout renverser ;) et pour prévoir avec lord Gosford, « que bientôt vu le progrès des idées et des démonstrations révolutionnaires, le flot de la sédition ne pourrait malheureusement être arrêté que par des opérations militaires actives. » L’extrait suivant d’une lettre de Sir John Colborne à lord Gosford, datée du 6 octobre, ne tend pas peu à justifier cette conclusion.