Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/66

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autre ton, le temps était passé d’en imposer, ou de faire respecter même l’autorité royale.

En dehors, les gazettes publiées en langue française avaient été les approbatrices des procédés les plus extraordinaires de la chambre d’assemblée, ou du moins, ne les avaient pas désapprouvés explicitement, en même temps qu’elles s’étudiaient à faire paraître sous un jour odieux presque tout ce qui se faisait dans le conseil législatif. L’Observateur[1], seul avait osé élever fortement la voix contre les propositions révolutionnaires de M. Bourdages et de M. Lee, combattre les discours prononcés à leur appui et blâmer indirectement quelques autres procédés de la chambre.

Pour ne pas perdre de vue la province supérieure, nous dirons que pendant que notre chambre d’assemblée, loin d’accueillir avec joie et empressement les concessions de la métropole, se plaignait amèrement, et d’une manière offensante, de sa conduite présente

    les juges ne siégeaient plus dans le conseil, et pour quelle raison. Son Excellence lui avait répondu qu’il pouvait informer la chambre que deux des juges n’avaient pas siégé, cette année, dans le conseil et que le troisième avait reçu avis de n'y plus aller, sans doute avec menace d’être destitué, s’il y allait encore car nous ne voyons que la crainte de perdre une charge lucrative capable de porter un homme d’honneur à se rendre à un avis, ou à obéir à un ordre aussi arbitraire. Le juge dont il s’agit ici était l’honorable James Kerr, qui avait siégé lors de la discussion du bill pour exclure les juges du conseil. Il avait fait l’éloge des juges, et essayé de prouver la nécessité ou l’utilité de leur présence au conseil législatif, qui autrement aurait pu devenir un consilium indoctum. Il avait eu tort, peut-être, de repousser, quoiqu’éloquemment, la violence par la violence, mais il avait dit avec beaucoup de vérité, que la politique faisait tourner les têtes.

    Lord Aylmer informa M. Stuart, qu’il craignait d’être contraint, quoiqu’avec peine, à acquiescer au désir de la chambre d’assemblée dans la circonstance actuelle, à moins qu’il ne fût dispensé de ce devoir, par un arrangement qui remplirait les vues de l’assemblée », c’est-à-dire sans doute, à moins que M Stuart ne donnât sa démission.

  1. « Journal historique, littéraire et politique : M. Bibaud, éditeur et propriétaire. »