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quemment la proposition de réexpulser M. R. Christie.

M. Morin est pour la réexpulsion, parce que les résolutions adoptées contre M. Christie sont d’une telle nature qu’elles le disqualifient pour toujours, et que les résolutions d’une chambre lient les suivantes[1].

M. Bedard et M. Duval se prononcent énergiquement et rationnellement contre la réexpulsion, ce qui n’empêche pas que la seconde proposition ne soit adoptée, et M. Thibaudeau ne propose de résoudre, que « R. Christie ne peut ni siéger ni voter en cette chambre ».

M. Stuart combat fortement et habilement cette proposition : M. Lagueux lui répond par des exagérations et des paradoxes plus qu’étranges : selon lui, M. Christie a mis l’existence de la chambre en question. On a dit qu’une même peine ne pouvait pas être infligée plusieurs fois pour la même offense ; ce n’est pas une peine, c’est une censure : on a fait mention de récision et d’absolution ; l’une et l’autre sont impossibles. Le corps de délit demeure ; pour en être convaincu, on n’a pas besoin de voir toutes les pièces du procès… » Suivant M. Quesnel, c’était un délit unique qui devait être puni comme tel.

M. Lee se lève au milieu des cris de : « la question, la question ! » et résumant ce qu’il avait dit précédemment, il s’écrie : « On foule aux pieds la liberté et les grands principes qu’ont soutenus les Burke, les Fox et

  1. Une version des débats fait dire à M. Morin inintelligiblement : « On dit que nous privons un comté de sa franchise élective, la liberté des électeurs, c’est l’expression de l’opinion du peuple : la chambre est saisie des droits des électeurs, pour conserver les droits et la liberté de tous. L’indépendance des électeurs existe, d’un côté, pour constituer des représentans, et de l’autre, pour la défendre par le moyen de leurs délégués*. »

    * Les accusateurs de M. Christie ne remarquent pas que les priviléges d’une chambre élective ne vont pas jusqu’à balancer les droits d’un corps d’électeurs, qu’en voulant se purifier, elle se mutile, &c. M. Ls. Lebrun.