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Perrot, leur gouverneur. Il se brouilla ensuite avec M. Duchesneau, qui avait succédé à M. Talon, comme intendant. Ce dernier se plaignait que M. de Frontenac n’avait composé le conseil supérieur que de gens qui lui étaient entièrement dévoués, et que par là il s’était rendu l’arbitre souverain de la justice, et tenait tout le monde sous le joug.

« Il faut pourtant avouer, dit Charlevoix, que les coups de vigueur que fit alors le comte de Frontenac ne furent pas tous repréhensibles, quant au fond ; mais lors même qu’il usait le plus à propos de sévérité, il le faisait avec un air de violence et des manières si hautaines, qu’il diminuait beaucoup le tort des coupables, en rendant le châtiment odieux. »

Des Iroquois chrétiens s’étaient établis, depuis quelques années, à la Prairie de la Madeleine ; mais le terrain ne se trouvant pas favorable aux grains qu’ils avaient coutume de semer, leurs missionnaires demandèrent au gouverneur et à l’intendant un autre emplacement, vis-à-vis du Sault Saint-Louis. M. de Frontenac ne répondit rien à leur requête ; mais M. Duchesneau leur accorda ce qu’ils demandaient, et ils s’en mirent en possession. Ce fut un autre sujet de brouillerie entre le gouverneur et l’intendant, et suivant Charlevoix, d’emportemens inexcusables de la part du premier.

Mais le fort de la dispute était toujours au sujet du conseil, dont M. de Frontenac voulait réduire presque à lui seul toute l’autorité. Pour faire cesser le différent, qui allumait le feu de la discorde dans toutes les parties de la colonie, parce que le comte de Frontenac et M. Duchesneau avaient chacun leurs parti-