Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/140

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tendre, dans une anse, où il leur dressa une ambuscade. Après les y avoir attendus quelques jours, il les vit paraitre, les laissa approcher, et fondit sur eux, au moment où ils débarquaient de leurs canots, sans la moindre méfiance. Quoique surpris, les Iroquois voulurent se défendre ; mais la partie était trop inégale : il y en eut quelques uns de tués ; les autres furent faits prisonniers. Teganissorens, le chef de la députation, lui ayant demandé comment il avait pu ignorer qu’il était ambassadeur, et qu’il avait été envoyé pour négocier un traité de paix avec le gouverneur général, le fourbe fit semblant d’être encore plus étonné que lui, et protesta que c’étaient les Français eux-mêmes qui l’avaient envoyé en cet endroit, en l’assurant qu’il y rencontrerait un parti d’Iroquois qu’il lui serait très facile de surprendre et de défaire ; et pour lui prouver qu’il lui parlait sincèrement, il le relâcha sur l’heure, avec tous ses gens, à l’exception d’un seul, qu’il voulait retenir, disait-il, pour remplacer un des siens, qui avait été tué[1].

Kondiaronk se rendit en hâte à Michillimakinac, et livra son prisonnier à M. de la Durantaye. Ce commandant, qui n’était pas encore informé des négociations entamées avec les Iroquois, condamna (on ne saurait dire par quel droit,) le malheureux à passer

  1. On prétend, dit Charlevoix, que Kondiaronk alla seul à Catarocouy, après son exploit, et que quelqu’un lui ayant demandé d’où il venait, il répondit qu’il venait de tuer la paix ; expression dont on ne comprit pas d’abord le sens, mais dont on eut bientôt l’explication par un de ses prisonniers, qui s’était enfui à Catarocouy, et que l’on renvoya aussitôt vers ses compatriotes, pour les convaincre que les Français n’avaient eu aucune part à la perfidie des Hurons.