Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/141

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par les armes. Il eut beau protester qu’il était ambassadeur, et que les Hurons l’avaient pris par trahison, Kondiaronk avait prévenu tout le monde que la tête lui avait tourné, et que la crainte de la mort le faisait extravaguer. Dès qu’il fut mort, le rusé chef fit venir un vieil Iroquois, qui était depuis longtemps captif dans son village, lui donna la liberté, et lui recommanda, en le renvoyant dans son pays, d’instruire ses compatriotes de ce qui venait de se passer sous ses yeux, et de leur apprendre que tandis que, les Français amusaient les Cantons par des négociations feintes, ils faisaient faire des prisonniers sur eux, et les fusillaient[1].

Un stratagème si bien conduit devait avoir son effet ; néanmoins, détrompés, en apparence, sur la prétendue mauvaise foi du gouverneur général, les Cantons avaient nommé de nouveaux députés, et ces députés étaient sur le point de se mettre en route pour Montréal, lorsqu’un exprès du chevalier Andros, qui avait remplacé le colonel Dunkan à New-York, arriva à Onnontagué, et défendit aux Iroquois de traiter avec les Français sans la participation de son maître. Le nouveau gouverneur anglais écrivit, en même temps, à M. de Denonville, qu’il ne devait pas se flatter de faire la paix avec les cantons iroquois à d’autres conditions que celles qui avaient été proposées par son prédécesseur : qu’au reste, il était disposé à bien vivre avec lui, et qu’il avait interdit aux Anglais de sa dépendance

  1. Si l’historien contemporain n’a ni exagéré, ni défiguré les faits qu’il rapporte, il doit paraître un peu singulier que Kondiaronk n’ait pas été plus mal vu des Français, après leur avoir joué une aussi mauvaise pièce, et que la Durantaye n’ait pas été blâmé d’avoir fait fusiller un prisonnier de guerre.