Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/174

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ordres avec autant de sang-froid que s’il eût commandé un exercice. Les chefs sauvages s’y surpassèrent, et l’un d’eux fut tué, en exhortant les siens de la voix et par son exemple, à combattre en gens de cœur. On s’y battit presque comme les anciens, homme à homme et corps à corps. C’était le courage, c’était l’adresse, c’était la présence d’esprit qui l’emportaient ; on en venait réellement aux mains ; on luttait, on se terrassait, et quand les armes ou les munitions manquaient, ou se brulait le visage avec la bourre du fusil. »

À la nouvelle de l’approche des ennemis, le gouverneur général était parti de Québec pour se rendre à Montréal ; mais ayant appris, en y arrivant, leur défaite et leur fuite, il retourna aussitôt sur ses pas. Il reçut, peu de temps après, une lettre du gouverneur de la Nouvelle Angleterre, qui le priait de lui faire rendre les prisonniers que les Abénaquis avaient faits dans sa province, et lui proposait la neutralité en Amérique, malgré la guerre qui continuait, en Europe, entre l’Angleterre et la France.

M. de Frontenac écrivit en réponse au général anglais, que quand il lui aurait renvoyé le chevalier d’Eau et M. de Manneval, qu’il retenait prisonniers, l’un par la trahison des Iroquois, l’autre par la mauvaise foi de l’amiral Phipps, il pourrait entrer avec lui en pourparler ; mais que, sans cela, il n’écouterait rien. Si les Sauvages devaient entrer dans la neutralité, l’avantage eût été réciproque, et peut-être le Canada y eût-il plus gagné que les provinces anglaises ; le comte de Frontenac devait le sentir ; mais Charlevoix prétend que ce général avait des preuves certaines de la mauvaise foi du gouverneur de la Nouvelle Angleterre.