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ce qu’il écrivait à M. de Vaudreuil, en réponse aux reproches que celui-ci lui avait faits, au sujet d’un collier qu’il avait envoyé aux Iroquois chrétiens, pour les engager à demeurer neutres[1].

« Il faut que j’avoue, dit M. Schuiller, que j’ai envoyé un collier aux Sauvages, pour les empêcher de prendre parti dans la guerre qui se fait contre le gouvernement de Boston, mais j’y ai été poussé par la charité chrétienne. Je n’ai pu me dispenser de croire qu’il était de mon devoir envers Dieu et mon prochain, de prévenir, s’il était possible, ces cruautés barbares et payennes, qui n’ont été que trop souvent exercées sur les malheureux habitans de ce gouvernement. Vous me pardonnerez, Monsieur, si je vous dis que je sens mon cœur se soulever, quand je pense qu’une guerre qui se fait entre des princes chrétiens, obligés aux lois les plus strictes de l’honneur et de la générosité, dégénère en une barbarie sauvage et sans bornes. Je ne puis concevoir qu’il soit possible de mettre fin à la guerre par de semblables moyens. »

Dans le cours de l’hiver, il y eut en Terre-Neuve, une nouvelle expédition, où les Français se distinguèrent, à leur ordinaire, par leur bravoure. De l’aveu de

  1. Le marquis de Vaudreuil attribuait à l’envoi de ce collier la défection des Hurons et des Iroquois chrétiens : mais ces Sauvages ne pouvaient-ils pas se trouver, à la fin, fatigués de ces expéditions sans cesse renouvellées, où ils avaient beaucoup moins à gagner, qu’à perdre ou à risquer ? Et s’ils étaient véritablement chrétiens, ne pouvaient-ils pas, ne devaient-ils pas même se refuser à aller massacrer, ou ruiner, de sang-froid, des gens qui ne leur avaient jamais fait, ni ne pouvaient leur faire aucun mal ?