Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/222

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de Chambly et Verchères. Plusieurs des prisonniers faits à la prise d’Haverhill se sauvèrent, pendant le dernier combat : les autres n’eurent qu’à se louer des bons traitemens qu’ils reçurent de leurs vainqueurs, durant la retraite. La fille du lieutenant de roi d’Haverhill ne pouvant plus marcher, M. Dupuys, fils du lieutenant particulier de Québec, la porta dans ses bras, ou sur ses épaules, une bonne partie du chemin. « Singulier exemple d’humanité et de galanterie, dit un historien, et chose nouvelle dans les forêts du Canada. » Religieux ou dévots avant le combat ; furieux et souvent barbares, dans le fort de l’action ; humains et généreux, après la victoire, tels se montrent généralement les guerriers français et canadiens de ces temps-là.

Au reste, cette expédition, comme la plupart de celles qui l’avaient précédée, se borna à une tuerie cruelle et à une conflagration barbare, non seulement sans résultat utile, mais même sans but ou motif raisonnable. C’est vainement que Charlevoix dit que les Français et les Sauvages n’exerçaient ces cruautés que par représailles : le massacre de la Chine était déjà trop ancien, et avait été vengé trop de fois, pour qu’on pût se croire autorisé à le venger encore, au temps dont nous parlons : ç’aurait été mettre en principe que, parce que l’ennemi avait été exterminateur une fois, on pouvait l’être toujours : outre que les Iroquois avaient exercé seuls les cruautés dont les Français pouvaient se plaindre, au lieu que ces derniers n’en cédaient guère aux Sauvages, et étaient presque toujours mêlés avec eux, dans les barbaries qu’ils exerçaient contre les Anglais. Aussi ne pouvons-nous nous empêcher de croire dans son droit le gouverneur d’Orange, dans