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nés des Sauvages dont ils s’étaient fait joindre[1], puis décimés par une espèce d’épidémie, et contraints de se retirer ; et les vaisseaux destinés à faire le siège de Québec ne parurent pas.

Pendant l’hiver, les Onnontagués envoyèrent des députés à M. de Vaudreuil, pour le prier de les recevoir en ses bonnes grâces. Dans l’audience que ce général leur donna, après que celui qui portait la parole eut témoigné son chagrin de ce que deux peuples qu’il estimait, disait-il, étaient presque toujours occupés à s’entre-détruire, il ajouta, avec la franchise particulière aux Sauvages : « Êtes-vous donc ivres, les uns et les autres, ou est-ce moi qui n’ai point d’esprit ? »

À peine les Onnontagués étaient-ils partis, qu’on vit arriver des Agniers, qui parlèrent sur le même ton, et protestèrent que leur canton ne lèverait jamais la hache contre les Français.

Vers la fin du printemps, on apprit, à Québec, que l’Acadie était menacée de nouveau, et qu’on faisait de grands préparatifs, à Boston, pour attaquer le Port-Royal. En effet, au mois d’août de cette année, (1710), un vaisseau anglais de 60 canons et une goëlette s’approchèrent de cette ville, et la tinrent bloquée, de manière qu’il n’y put entrer aucun secours ; et le 10 octobre, cinquante bâtimens anglais entrèrent dans le bassin, et jettèrent les ancres vis-à-vis du fort. Il

  1. Dans un conseil, qui fut tenu à Onnontagué, un des anciens se leva, et dit : « Ne vous souvenez-vous pas que nous nous trouvons placés entre deux nations puissantes, capables de nous exterminer, et intéressées à le faire, quand elles n’auront plus besoin de notre secours ? Nous devons donc faire en sorte de les mettre toujours dans l’obligation de nous ménager, et par conséquent, empêcher que l’une ne prévale sur l’autre. »