Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/230

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messe de prendre les armes pour la défense de la colonie, et des derniers, celle de demeurer neutres. À son retour à Québec, il fut accompagné des Abénaquis domiciliés et de M. de Ramsay, à la tête de six cents hommes de son gouvernement. Il trouva les ordres qu’il avait donnés, en partant pour Montréal, parfaitement exécutés. M. de Beaucourt, qui en avait été chargé, non content de fortifier le corps de la place, de manière à la mettre en état de soutenir un long siège, avait pris de bonnes mesures pour empêcher que les envahisseurs ne débarquassent du côté de Beauport, comme ils avaient fait, en 1690 ; et jamais peut-être, dans aucune ville, observe Charlevoix, on ne remarqua plus de résolution et de confiance, tous, jusqu’aux femmes, étant disposés à contribuer, de leur mieux, à la plus vigoureuse défense. Chacun, dans la ville et aux environs, avait son poste marqué, et toutes les côtes, au-dessous de Québec, étaient si bien gardées, que l’ennemi n’aurait pu y mettre pied à terre, dans aucun endroit habité, sans être obligé de livrer un combat que la situation du terrain lui aurait rendu désavantageux. Enfin, tout paraissait si bien disposé, qu’on était dans une espèce d’impatience de voir paraître la flotte anglaise, lorsque, le 25 août, à huit heures du soir, un habitant vint donner avis que, le 9, il avait vu, de Matane, de quatre-vingt-dix à quatre-vingt-quinze voiles, portant le pavillon d’Angleterre ; sur quoi, chacun se rendit à son poste. Quelques jours après, des pêcheurs de Gaspé rapportèrent qu’ils avaient compté quatre-vingt-quatre vaisseaux qui descendaient le fleuve, et faisaient route, comme pour aller à Gaspé même.