Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/235

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beaucoup plus à leur aise qu’ils n’avaient jamais été en Terre-Neuve.

Tandis qu’on se donnait ces mouvemens, au sujet de l’Île Royale, le marquis de Vaudreuil, de concert avec M. Becon, successeur de M. Rodot, dans l’intendance du Canada, s’occupait du soin de fortifier et de peupler cette colonie. « Le Canada, dit-il, dans une lettre qu’il écrivit à M. de Pontchartrain, en 1714, n’a que 4484 habitans en état de porter les armes, depuis l’âge de seize ans jusqu’à soixante, et les vingt-huit compagnies des troupes de la marine, que le roi y entretient, ne font, en tout, que six-cent-vingt-huit hommes. Les colonies anglaises ont 60,000 hommes en état de porter les armes, et l’on ne peut douter qu’à la première rupture, elles ne fassent un grand effort pour s’emparer du Canada. »

Il demandait, en conséquence, qu’il lui fût envoyé un renfort de troupes, et qu’il fût pris des moyens pour augmenter le nombre des habitans.

Pendant qu’on jouissait des avantages de la paix, sur les bords du Saint-Laurent, les contrées de l’Ouest étaient troublées par de nouvelles hostilités. Les Iroquois n’avaient pas repris les armes, depuis leurs dernières députations, mais ils avaient suscité à la colonie française un nouvel ennemi, moins politique qu’eux, mais aussi brave et plus féroce. C’étaient les Outagamis, plus connus des Canadiens, sous le nom de Renards. Par l’entremise des Tsonnonthouans, ces barbares avaient fait alliance avec les Anglais, au commencement de l’année 1712, et avaient projetté de brûler le fort du Détroit, et de faire main-basse sur tous les Français qu’ils y rencontreraient. Les Mas-