Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/237

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trémité, tirant des forces de leur désespoir, ils combattirent avec une valeur qui rendit longtemps la victoire douteuse : ils s’avisèrent même d’arborer, sur leurs palissades, des couvertures rouges, en guise de drapeaux, et crièrent, de toutes leurs forces : « Corlar est notre père ; son drapeau flotte sur nos têtes ; il protège notre bras : ou il viendra nous secourir, ou il vengera notre mort. »

Les confédérés leur répondirent : « Vous aviez perdu l’esprit, lorsque vous vous êtes liés avec Corlar ; si la terre doit être teinte de sang, comme vous le voulez faire entendre par ce drapeau, elle le sera du vôtre. »

Pressés de plus en plus, les Outagamis remplacèrent leurs drapeaux rouges par un pavillon blanc, et leur grand chef, Pemoussa, accompagné de deux guerriers, se présenta, et fut introduit dans le camp des alliés. Il remit des captifs et présenta des colliers au commandant français et aux chefs sauvages, dans la vue de les apaiser, et d’en obtenir la permission de se retirer ; mais Dubuisson ayant laissé la décision de la chose à ses alliés, ceux-ci se montrèrent inexorables, ne voulant recevoir les Outagamis qu’à discrétion. Réduits à la dernière extrémité, ces derniers se battirent en désespérés : ils décochaient à la fois jusqu’à trois cents flèches, au bout desquelles il y avait du tondre allumé, et à quelques unes des fusées de poudre, pour mettre le feu au fort des Français. Ils y brulèrent, en effet, plusieurs maisons, qui n’étaient couvertes que de paille ; et pour empêcher que l’incendie ne gagnât plus loin, il fallut couvrir tout ce qui restait, de peaux d’ours et de chevreuils, et les arroser à chaque instant.

Lassés d’une si opiniâtre résistance, les confédérés