Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/270

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point la description ; il ne parlait ni de leur climat, ni de leur sol, ni de leurs productions ; il n’était rempli que du récit insignifiant de la marche de chaque jour, et des discours sans importance de quelques chefs sauvages. On le jugea incapable de remplir la tâche qu’on lui avait confiée ; sa commission fut révoquée, et donnée à d’autres. Mais des vues d’intérêt particulier vinrent se mêler au but noble et patriotique qu’on semblait s’être proposé d’abord : il se forma une espèce de société, composée du gouverneur, de l’intendant, du comptrôleur, et de deux autres officiers, Legardeur de Saint-Pierre et Marin, lesquels devaient partager entr’eux les profits de l’expédition, s’il y en avait.

Les deux derniers furent chargés de faire les découvertes. Saint-Pierre eut ordre de se rendre au fort la Reine, pour de là gagner en avant, jusqu’à un lieu dont il serait convenu avec son compagnon de voyage, pour leur rencontre. Marin devait remonter le Missouri, et de là, s’il trouvait une rivière allant à l’ouest, la suivre jusqu’à ce qu’il fût parvenu à l’océan Pacifique, où Saint-Pierre le devait joindre, si, de son côté, il trouvait une rivière qui y conduisît.

Ces messieurs partirent munis, aux frais de la couronne, de tout ce qui était nécessaire pour le voyage ; et ils auraient probablement réussi, non pas à trouver une mer de l’Ouest, comme on se la figurait, mais à atteindre la mer du Sud, s’ils eussent été plus entreprenants, ou s’ils n’eussent pas eu plus à cœur leur intérêt privé que le bien de leur pays. Mais, indifférents, quant au but ostensible de faire de nouvelles découvertes, ils ne s’avancèrent, dans les pays sauvages, qu’autant qu’il leur fut nécessaire pour amasser une immense quantité