Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/293

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toutes occasions ; que leur état de dénuement, et le refus constant qu’ils avaient fait d’obéir aux autorités anglaises, en ce qui dépassait leur condition de neutralité, parlaient d’autant plus hautement en leur faveur, qu’on savait que c’était en conséquence de leur attachement au gouvernement de France, qu’ils avaient abandonné leur pays natal et les biens qu’ils y possédaient, pour venir s’établir, au nombre de 3,000, à Miramichi, Beauséjour, et autres lieux. Enfin, tous demandaient à être regardés et traités comme les autres sujets américains de sa majesté Très-Chrétienne.

Et certes ! ils étaient bien dignes qu’ont eût égard à leur prière et qu’on leur accordât leur demande : si c’est bien mériter d’un gouvernement, que de lui sacrifier volontairement ses intérêts privés et personnels, quels sujets méritèrent mieux que les Acadiens de celui de France ? Sans doute, ce gouvernement eut toujours pour eux de la bienveillance, et leur donna même des preuves d’une sollicitude particulière ; mais il n’en fut pas ainsi de ses employés dans ce pays : les Acadiens réfugiés éprouvèrent assez souvent, de leur part, du dédain, de la dureté, et quelquefois même une espèce de spoliation. Une partie de ceux qui étaient venus à Québec, étaient porteurs de bons, ou billets, qu’ils présentèrent à l’intendant. M. Bigot, qui ne voulait pas que la cour eût connaissance du gaspillage des deniers publics qui avait eu lieu, remit à payer ces bons, après qu’il aurait tiré les lettres de change pour l’année. Plutôt que de souffrir, en attendant, les porteurs s’adressèrent au secrétaire de l’intendant, qui ayant des liaisons avec le trésorier, et étant receveur de la taxe imposée aux habitans de Québec, pour la con-