Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/356

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fâcheuses et embarassantes où ils étaient, depuis quelque temps ; pressés, contraints même, d’un côté, d’être constamment armés pour la défense de leur pays natal, liée à la cause de leur souverain ; menaces de l’autre, de tous les maux que peuvent infliger des ennemis armés et triomphante, s’ils ne mettaient bas les armes, et ne demeuraient tranquilles chez eux, leur anxiété et leur malaise devaient être extrêmes, et presque sans exemple, dans les annales de la guerre. Ceux qui durent se trouver dans le plus grand embarras, au printemps de 1760, furent, sans contredit, les habitans des paroisses situées entre Québec et les Trois-Rivières, ou même plus haut : en suivant les Français dans le gouvernement de Montréal, ils laissaient leurs femmes, leurs enfans et leurs biens à la merci d’un ennemi dont ils avaient tout lieu de redouter le ressentiment et la vengeance ; en ne le faisant pas, ils s’exposaient à être punis sévèrement, dans le cas où le roi de France demeurerait éventuellement maître du pays. Le danger présent, joint à l’intérêt privé, l’emporta néanmoins sur la crainte d’un mal éloigné, et presque tous ceux qui avaient été enrôlés se retirèrent chez eux, à mesure qu’ils trouvèrent, pour le faire, une occasion favorable, ou un prétexte plausible.

Après la levée du siège de Québec, Montréal devint le quartier-général, et à peu près le seul point de défense des Français. On y érigea de nouvelles fortifications ; on y forma des magasins de vivres et de munitions, et l’on arma en guerre quelques uns des vaisseaux, grands et petits, qu’on y avait. On érigea aussi des batterie dans l’île Sainte-Hélène, et l’on envoya un ingénieur dans les îles qui se trouvent à l’entrée du lac