Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/43

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mieux à faire pour lui, que de courir ainsi, en chevalier errant, par les lacs et les forêts, avec des Sauvages qui, souvent, ne gardaient pas même à son égard les bienséances, et dont il n’était nullement en état de se faire craindre. Il aurait pu aisément envoyer à sa place quelque Français en état de bien observer, tandis que sa présence à Québec aurait beaucoup plus avancé son établissement, et lui aurait donné une solidité qu’il se repentit trop tard de ne lui avoir pas procurée. »

Si Champlain pouvait se dispenser d’accompagner les Sauvages dans leurs excursions, c’était surtout dans celle dont nous allons parler. Car se trouvant obligé de redescendre à Québec, il les pria de différer leur départ jusqu’à son retour, qui devait être prompt : mais ceux-ci se lassèrent bientôt de l’attendre, et s’embarquèrent, avec quelques Français, qui étaient restés à Montréal. Champlain, de retour dans cette île, n’y trouva plus que deux Français et six Sauvages : il s’embarqua avec eux, pour courir après les Hurons ; mais il ne put les joindre que dans leur pays. Il les trouva qui formaient un grand parti de guerre : ils lui en offrirent le commandement, et il l’accepta d’autant plus volontiers, qu’il se trouvait à la tête de douze Français. On ne différa pas à marcher contre les Iroquois. Ceux-ci occupaient une espèce de fort assez bien construit : ils en avaient embarrassé les avenues par de grands abattis d’arbres, et avaient élevé tout autour des galeries, d’où ils pouvaient tirer de haut en bas, sans se découvrir. Aussi la première attaque réussit-elle si mal qu’on ne jugea pas à propos d’en tenter une seconde. On essaya de mettre le feu aux abattis,