Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/44

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dans l’espoir qu’il gagnerait le fort ; mais les assiégés y avaient pourvu, en faisant de grandes provisions d’eau. On dressa ensuite une machine plus haute que les galeries, et sur laquelle on plaça des Français armés d’arquebuses. Cette manœuvre déconcerta un peu l’ennemi ; mais Champlain ayant été blessé assez grièvement, à la jambe et au genou, les Hurons passèrent de la présomption au découragement, et il fallut se retirer avec honte et avec perte. La retraite se fit néanmoins en assez bon ordre. Champlain fut bientôt guéri de ses blessures ; mais quand il voulut partir pour retourner à Québec, il ne put obtenir un guide, et il lui fallut se résoudre à passer l’hiver chez les Sauvages. Il sut pourtant mettre le temps à profit ; car il visita toutes les bourgades huronnes, et quelques unes de celles que les Algonquins avaient alors aux environs du lac Nipissingue. Dès que les rivières furent navigables, ayant su qu’on voulait l’engager dans une nouvelle entreprise contre les Iroquois, il gagna quelques Sauvages, qu’il s’était attachés par ses bonnes manières, s’embarqua secrètement avec eux, et arriva, le 11 juillet, à Québec, où tout le monde était persuadé qu’il ne vivait plus. Il s’embarqua pour la France, environ un mois après son retour à Québec.

L’année suivante 1616, les Sauvages confédérés complotèrent, par on ne sait quel mécontentement, de se défaire de tous les Français. Peut-être craignaient-ils qu’on ne voulût tirer une vengeance éclatante de la mort de deux habitans, qu’ils avaient assassinés, probablement pour profiter de leurs dépouilles ; car déjà la fréquentation des Européens leur avait fait perdre quelque chose de leur désintéressement. Ce qui est cer-