Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/54

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avaient des terres défrichées demeurassent dans le pays ; du moins Kertk le crut ainsi ; et pour les y engager, il leur fit les offres les plus avantageuses. Comme sa conduite les avait fort prévenus en sa faveur, et que plusieurs auraient été obligés de mendier, s’ils avaient repassé la mer, presque tous prirent le parti de rester.

Thomas Kertk étant venu joindre son frère, Champlain partit avec lui, le 24, pour Tadousac, où l’amiral David était arrivé depuis quelques jours.

Peu s’en fallut que, dans ce voyage, les vainqueurs et les vaincus ne changeassent de sort. Émeric de Caen, qui allait à Québec, ne sachant rien de ce qui s’y était passé, rencontra le navire de Thomas Kertk, qui portait M. de Champlain. Il l’attaqua, et il était sur le point de s’en rendre maître, lorsqu’ayant crié quartier, pour obliger Kertk à se rendre, celui-ci prit cette parole dans un sens opposé, et cria, de son côté, bon quartier. À ces mots, l’ardeur des Français se ralentit un peu : de Caen qui s’en apperçut, voulut les rassurer, et se préparait à faire un dernier effort ; mais Champlain se montra, et lui conseilla de profiter de son avantage pour faire ses conditions bonnes, avant l’arrivée des autres vaisseaux de Kertk.

David Kertk ne voulut pas retourner en Angleterre sans avoir visité sa conquête : il monta jusqu’à Québec, et à son retour à Tadousac, il dit à M. de Champlain, qu’il trouvait la situation de cette ville admirable ; que si elle demeurait à l’Angleterre, elle serait bientôt sur un autre pied, et que les Anglais tireraient parti de bien des choses que les Français avaient négligées. Il employa le reste de l’été à carener ses vaisseaux, mit à la voile pour l’Angleterre, dans le mois