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de septembre, et mouilla, le 20 octobre, dans le port de Plymouth, où il apprit que le différent entre les deux couronnes était terminé.

Pendant que les Anglais se rendaient ainsi maîtres de Québec et du Canada, un jeune officier, nommé Latour, leur résistait, au Cap de Sable, le seul poste qui restât aux Français dans l’Acadie. Le père de ce jeune officier, qui s’était trouvé à Londres, pendant la siège de la Rochelle, et y avait épousé, en secondes noces, une des filles d’honneur de la reine, avait promis au gouvernement anglais de le mettre en possession du poste où commandait son fils ; et sur cette promesse, on lui donna deux vaisseaux de guerre, sur lesquels il s’embarqua avec sa nouvelle épouse.

Arrivé à la vue du Cap de Sable, il se fit débarquer, et alla seul trouver son fils, à qui il fit un exposé magnifique du crédit dont il jouissait à la cour d’Angleterre, et des avantages qu’il avait lieu de s’en promettre. Il ajouta qu’il ne tenait qu’à lui de s’en procurer d’aussi considérables ; qu’il lui apportait l’ordre du Bain, et qu’il avait pouvoir de le confirmer dans son gouvernement, s’il voulait se déclarer pour sa majesté britannique.

La surprise du jeune commandant fut extrême : il dit à son père, qu’il s’était trompé, s’il l’avait cru capable de trahir son pays ; qu’il faisait beaucoup de cas de l’honneur que le roi d’Angleterre voulait lui faire ; mais qu’il ne l’achèterait pas au prix d’une trahison ; que le monarque qu’il servait était assez puissant pour le récompenser de manière à ne lui pas donner lieu de regretter d’avoir rejetté les offres qu’on lui faisait ; et qu’en tout cas, sa fidélité lui tiendrait lieu de récompense.