Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/85

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C’était une espèce de coqueluche qui se tournait en pleurésie. Le peuple s’imagina qu’il y avait du maléfice, et, chose étrange, ce furent les médecins qui, les premiers, donnèrent cours à cette superstition. L’ignorance était si grande et si générale alors, dans la colonie, que quelques phénomènes ignés, qui parurent dans le même temps, donnèrent lieu aux contes les plus absurdes. « On publia, dit Charlevoix, qu’on avait vu dans l’air une couronne de feu ; qu’aux Trois-Rivières, on avait entendu des voix lamentables ; qu’auprès de Québec, il avait paru un canot de feu, et dans un autre endroit, un homme tout embrasé et environné d’un tourbillon de flammes ; que dans l’île d’Orléans, une femme enceinte avait entendu son fruit se plaindre. » L’apparition d’une comète acheva d’effrayer la multitude.

Cependant, les partis ennemis disparurent tout à coup, et vers le milieu de l’été, on vit arriver à Montréal deux canots avec un pavillon blanc. C’étaient des députés des cantons d’Onnontagué et de Coyogouin, qui ramenaient quelques captifs français. Ils promettaient que tous les autres seraient rendus, si l’on délivrait tous les sujets des deux cantons qui se trouvaient prisonniers dans la colonie. Le gouverneur général, à qui M. de Maison-Neuve fit savoir l’arrivée des députés iroquois, se montra disposé à écouter favorablement leurs propositions, et les fit accompagner, à leur retour, par le P. Lemoyne, pour continuer chez eux la négociation.

Le baron d’Avaugour, nommé gouverneur général du Canada, à la place de M. d’Argenson, arriva de France sur ces entrefaites. Son premier soin fut de vi-