Page:Bibaud - L'homme qui pense, 1925.djvu/8

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Ah ! pardon, Monsieur le ministre, depuis longtemps que je travaille dur, c’est la seule chose que j’ai pu mettre de côté.

Sir Lomer sourit, de ce sourire bienveillant qui lui a gagné les votes de tant d’électeurs ; il presse cordialement la main du solliciteur : Je vous accorde ce que vous me demandez, mon ami ; je veux un Noël heureux pour vous, pour toute la famille, pour les petits enfants auxquels j’envoie mon cadeau de Noël. En même temps il verse une bourse remplie dans la main qu’il serre encore et quitte promptement le bureau afin d’échapper aux remerciements ; heureux d’avoir avec ce regard prompt qu’il possède, à deviner les natures, heureux d’avoir lu une si profonde reconnaissance sur les traits de son obligé, d’avoir changé l’expression souffreteuse de ce visage découragé par les tracas du STRUGGLING FOR LIFE en un rayon d’espoir ; ensoleillé l’ombre triste de la maisonnette, il voit dans un mirage les douces joies de la famille, auxquelles il est si sensible ; il oublie les débats, les ennuis, les fatigues de la journée en entendant l’écho lointain des éclats de rires joyeux des enfants, ému, il se sent content d’avoir eu le bonheur en ce jour de faire vibrer cette musique des anges.

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