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Page:Bibaud - Le Panthéon canadien, 1891.djvu/16

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passèrent cette saison à élever des retranchements dans l’île aux Noix et à fortifier les Rapides. Il se remit en campagne au printemps, franchit les Rapides avec toute son armée et enleva le fort Oraconenton, défendu par M. de Lacorne et M. Pouchot. Il perdit 60 bateaux dans le passage des Rapides, une des opérations les plus périlleuses qui aient jamais été tentées, et qui prouve qu’Amherst possédait cette force d’âme qui fait les grands capitaines. Les retranchements de l’île aux Noix cédèrent à une de ses colonnes, qui s’empara aussi de St-Jean et de Chambly et poussa M. de Bougainville jusque dans la baronnie de Longueuil. Amherst arriva en personne aux environs de Ville-Marie et vint asseoir son camp sur les versants du Mont-Royal d’où il dominait la place ; Murray arrivait de Québec, et avec la colonne de l’autre côté du fleuve, il y avait 32, 000 hommes. « Jamais en Amérique, dit un auteur moderne, on n’avait vu de plus belles combinaisons militaires, ni tant de forces réunies sur un même point et dans un même instant. » L’armée française capitula le 7 septembre 1760, et le conquérant exigea que les troupes livrassent leurs drapeaux. Le Détroit et tout le Nord-Ouest furent compris dans la capitulation, et le fameux partisan Rogers fut envoyé pour en prendre possession : ce fut ce qui donna lieu à la guerre de Pontiac. Amherst reçut le titre de capitaine général des pays conquis et peut ainsi être regardé comme le premier gouverneur du Canada, où il conserva la division du pays en trois gouvernements ou lieutenances et les lois et toutes les institutions établies. Il laissa l’Amérique en 1763, fut gouverneur de Guernesey en 1771, pair en 1776 sous le titre de baron de Holmesdale en Kent, puis de Montréal en 1787. Pour soutenir son titre, il devait avoir en apanage les biens des Jésuites du Canada, mais la couronne finit par l’indemniser et par se réserver cette proie. Il fut élevé au grade suprême de commandant des forces en 1782. S. A. R. le duc d’York le remplaça plus tard ; mais il fut réinstallé le 22 janvier 1793, lors de la guerre contre la République française. Remplacé finalement par le duc d’York le 10 janvier 1795, il fut créé field-marshal en 1796, et mourut à son château de Kent le 3 août 1797, à 80 ans. Ce guerrier avait une fort belle tête, comme on le voit par ses portraits. On retrouve aussi de lui un portrait en pied peint sur verre dans la collection du commandeur Viger.